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Chronique

« In memoriam » Malcolm McLaren 1946-2010

Malcolm McLaren

« Jamais eu l’impression de vous être fait avoir ? » — à en croire Johnny Rotten, cette question, par lui proférée lors de l’ultime concert des Sex Pistols, n’était pas tant un sarcasme adressé au public que l’expression de son propre ressentiment vis-à-vis de son manager et Pygmalion, Malcolm McLaren. Aux funérailles de ce dernier, le 22 avril 2010, une lettre du guitariste Steve Jones (lue par le propre fils de McLaren et Vivienne Westwood !) rappelait sur un ton plus complice cette version de la saga des Pistols : « Cher Malcolm, as-tu pris l’argent avec toi ? Est-ce qu’il est dans le cercueil ? » Et quiconque a connu les années post-punk de se souvenir que Malcolm McLaren a été un temps, avec Yoko Ono, l’une des figures les plus décriées de la culture pop. Univers mercantile, factice, auquel McLaren, artisan autoproclamé de la « grande escroquerie du rock’n’roll », avait donné l’occasion, suprême paradoxe, de se racheter une virginité. Le méchant, c’était lui. Le punk était devenu l’alibi d’une industrie musicale régénérée, facteur de développement durable. Si McLaren avait fait de l’argent, il était, surtout, coupable de l’avoir dit. Désormais il était libre de s’occuper de choses qui alors n’intéressaient personne. Comme le hip-hop (dès 1983, avec son album solo Duck Rock). Hugh Cornwell, ex-Stranglers peu soucieux d’orthodoxie punk, écrit dans son autobiographie avoir toujours eu plaisir à croiser McLaren, celui-ci n’étant jamais à cours de choses passionnantes à raconter.

Passionnant et passionné, brillant causeur demeuré jusqu’au bout à l’écoute des autres et tout particulièrement des jeunes, tel est aussi le portrait que la journaliste franco-britannique Claudia Bear dresse du parrain de sa fille. Avec Berlin et Paris parmi ses principaux ports d’attache, McLaren offrait les dernières années l’image d’un authentique bourgeois bohème (la plupart de nos figures publiques ne sont pas pauvres, eh oui !), féru de cuisine bio, doublé d’un excentrique dans la grande tradition britannique qui passait des nuits dans les clubs vêtu, allez savoir pourquoi, d’un pull en mohair rose. Alors, escroc ou bobo ? Profiteur ou vrai anarchiste ? Manipulateur ou candide ? Né dans un milieu favorisé, voire aristocratique, allergique à l’autorité et en même temps remarquable organisateur, ses contradictions étaient celles mêmes que la critique sociale la plus radicale dévoile dans l’immédiat sans les résoudre, car pour cela il faudrait TOUT changer. Une conclusion à laquelle ne cesse d’aboutir Greil Marcus au fil des 500 et quelques pages de son maître livre Lipstick Traces, ce qui explique sans doute qu’il puisse y être si souvent question de McLaren sans qu’y soit formulé à son propos le moindre jugement positif ou négatif. McLaren au début des années 70 aspirait à diffuser en Grande-Bretagne les écrits et théories de Guy Debord. Intention louable. Il vendait dans sa boutique des tee-shirts Mai 68. Là, on ne peut plus nier qu’il voyait loin. Au même moment, son partner in crime Jamie Reid collait dans un magasin des stickers faisant état d’une liquidation massive avant « l’effondrement programmé du capitalisme monopolistique et l’épuisement des ressources naturelles ». Le même Jamie Reid, en 77, allait balafrer l’effigie de la reine de sa fameuse épingle à nourrice. Pour le meilleur et pour le pire, rappelle Greil Marcus, Malcolm McLaren aura constitué le trait d’union entre la critique situationniste — pointue, exigeante, sans concession — et la culture soi disant « populaire » — en réalité marchandisée, brièvement réappropriable par le biais du détournement. Il a fait ce qu’il pouvait. Dit ce qu’il avait à dire. Non sans roublardise et pourtant, en un sens, avec une certaine modestie. Cette modestie qui fait dire à un personnage de Tchekhov à la fin d’Oncle Vania : « Que faire ? Il faut bien vivre ! »

Frédéric Moulin

EN VITRINE

Le chat du Rabbin

Le chat du Rabbin

La série de BD culte de Joann Sfar publiée chez Dargaud en 12 volumes a été adaptée par lui-même à l’écran, rappellant à notre bon souvenir les bienfaits du multiculturalisme. Une fable philosophique à la Voltaire évoquant « des chats et des dieux » pour qui le problème n'est pas la religion, mais la façon dont on la vit. Le sépharade chat-philosophe, qui un jour dévora un perroquet et se mit à parler, nous apprend à lui seul sagesse et malice du Maghreb.

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