On entend aujourd'hui par fanatisme une folie religieuse, sombre et cruelle. C'est une maladie de l'esprit qui se gagne comme la petite vérole. Les livres la communiquent beaucoup moins que les assemblées et les discours. On s'échauffe rarement en lisant : car alors on peut avoir le sens rassis. Mais quand un homme ardent et d'une imagination forte parle à des imaginations faibles, ses yeux sont en feu, et ce feu se communique ; ses tons, ses gestes, ébranlent tous les nerfs des auditeurs. Il crie : « Dieu vous regarde, sacrifiez ce qui n'est qu'humain ; combattez les combats du Seigneur » et on va combattre. Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère. [...]
Voltaire
extrait du Dictionnaire philosophique, 1764
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Ce sont des choses qui arrivent...
« Ce sont des choses qui arrivent ». Toutes les vies en sont remplies de ces petites réflexions. De celle de Grégoire Bouillier, on apprend dans son premier roman que sa maman était suicidaire, que sa nourrice n’avait pas été tendre avec lui, qu’un jour il avait été fasciné par la vision involontaire de la toilette intime de la mère d’un ami, bref, qu’il lui est arrivé des choses. Comme à nous tous.
La confession de celui qui déclare avoir « vécu une enfance heureuse », avant de ressentir « l’habitude du désenchantement », tient dans ce déshabillage progressif des fils secrets qui lient entre eux les événements de l’existence, où la réappropriation des souvenirs de l´enfance éclaircit la lecture de sa vie d´adulte.
Ce premier roman est finalement un récit de vie, il en extrait quelques mystères avec une certaine lucidité et beaucoup d´humour, on s´amuse et on s´accorde avec cet homme qui fait la découverte de sa propre mythologie. Pour un premier livre, rédigé avec la sobriété des esprits fins, Rapport sur moi est un coup de maître. Une pièce de langage qui ne se prend jamais au sérieux, et qui se prendrait même plutôt à la légère pour dire des choses de la vie qu’on pourra aussi trouver très graves.
Grégoire Bouillier a quarante ans, il vit et travaille à Paris, et a publié quelques textes dans les revues L’Infini et NRV. Rapport sur moi est son premier roman.
Commentaire de Grégoire Bouillier sur Rapport sur moi :
« Tout le monde vit certaines choses, mais qu’ont-elles à nous raconter ? Pourquoi vit-on ceci plutôt que cela ? A quoi tient finalement le déroulement de nos existences et jusqu´où sommes-nous concernés par ce qui nous arrive? C´est pour répondre à ces questions que j'ai écrit Rapport sur moi : à travers ma propre expérience, j'avais envie que ce soit pour une fois la vie qui parle, plutôt que de plaquer un discours sur elle. Rapport, cela veut dire « action de raconter ce que l'on a vu, ce que l'on a entendu » et j'ai simplement essayé de restituer le plus honnêtement possible ce que j'avais vu et entendu, sans tricher ni poser, avec l'idée que la littérature pouvait advenir de ce refus de faire littéraire.
Il ne s'agissait pas de parler de moi, ni de ma famille ou de mes amours, mais à partir de tout cela de découvrir le mouvement même de l'existence : comment elle se déroule sous le signe du langage, par exemple, ou encore que tout ce que la société sépare lorsqu'elle oppose l'enfance à l'âge adulte, le passé au présent, la famille à la société, la joie à la peine, l'amour au sexe, etc. ne tient pas la route si l'on y regarde de plus près. Tout ce qui nous arrive, nous arrivons aussi avec, voilà ce que raconte mon livre. Pour moi, il dit que chacun peut faire un usage de son existence et se la réapproprier ; car il s'agit de nos vies tout de même. »
Rapport sur moi, Grégoire Bouillier
J'ai Lu, Paris, 2004
5,- €
Le Pennequin monologue
Avec Mon binôme, Pennequin donne un livre comme on n'en avait pas été content depuis longtemps, bon à lire, bon à rire et à pleurer, un livre à engueuler, à embrasser, un livre à fredonner :
"Je ne suis pas Cadet Rousselle, dixit le colonel, tu n'es plus chez maman, dixit mon adjudant, va donc prendre un peu l'air, dixit les militaires, cesse donc les bouffonneries, signé tous les maris, arrête d'être ton larbin, signé tous mes copains, et puis essuie tes larmes, signé la femme à barbe, fais tes adieux par fax, signé furax."
Eric Loret, Libération, 10 juin 2004
Mon binôme, Charles Pennequin
POL, Paris, 2004
19,- €