Le conteur primordial mobilise déjà l’incertitude épique de Cervantès ; les distorsions du réel de Kafka ; les touffeurs langagières de James Joyce ; le majestueux détour de Faulkner autour d’une damnation originelle... Et, je ne veux pas vous faire de la peine, mais il m’est arrivé d’imaginer, à l’écoute de nos vieux contes, que ce cher Rabelais, ce père du langage, ce surgissement d’une catastrophe esthétique extrême, venait très certainement d’une plantation martiniquaise. Je crois que Rabelais est un conteur créole.
Patrick Chamoiseau
Discours inaugural de la Chaire d’écrivain en résidence, Sciences Po Paris, 27/01/2020
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Nous avons le plaisir de vous présenter une lecture de
« Les Œuvres de miséricorde »
Prix Décembre 2012 (éditions Verdier, 2012)
de et par
Mathieu Riboulet
le vendredi 8 mars 2013 à 19 h à la librairie
Donner à manger à ceux qui ont faim, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, loger les pèlerins, visiter les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts : tels sont les impératifs moraux édictés par l’Église sous le nom d’œuvres de miséricorde, que Le Caravage a illustrés dans un tableau conservé à Naples, et dont tous ceux nés en culture chrétienne sont imprégnés, même s’ils ne les connaissent pas. Ces injonctions morales sont ici mises à l’épreuve de l’expérience – réelle ou imaginaire.
« Il m’a fallu comprendre comment le Corps Allemand, majuscules à l’appui, après être entré à trois reprises dans la vie française par effraction (1870, 1914, 1939), continue à façonner certains aspects de notre existence d’héritiers de cette histoire. Chemin faisant, j’ai tenté d’y voir un peu plus clair dans les violences que les hommes s’infligent – historiques, guerrières, sociales, individuelles, sexuelles, massivement subies mais de temps à autre, aussi, consenties –, dont l’art et la sexualité sont le reflet et parfois la splendide, indépassable, bienheureuse expression, et de les lier du fil de cet impératif de miséricorde qui fonde notre culpabilité pour être, de tout temps et en tous lieux, battu en brèche. »
Mathieu Riboulet est né en 1960 en région parisienne. Après des études de cinéma et lettres modernes à Paris III, il réalise pendant une dizaine d’années des films de fiction et documentaires autoproduits en vidéo, puis il se consacre à l’écriture. Il vit et travaille à Paris et dans la Creuse.
Lecture organisée en partenariat avec le Bureau du livre de l’Ambassade de France en Allemagne
Entrée : 3,50 € (tarif réduit 2,50 €)
Sur réservation
Nous avons a le plaisir de vous annoncer
« Hessel & Compagnie »
une soirée-rencontre avec Manfred Flügge
Le samedi 23 février 2013 à 19 h à la librairie
Tout le monde connaît aujourd’hui Stéphane Hessel, résistant, diplomate français et auteur du pamphlet Indignez-vous !
Manfred Flügge, qui le côtoie depuis presque 30 ans, vient d’écrire la toute première biographie de ce personnage hors du commun : Stéphane Hessel – Portrait d’un rebelle heureux (Éditions Autrement, octobre 2012).
Mais il faut aussi se souvenir de ses parents, l’écrivain et traducteur Franz Hessel et la journaliste de mode Helen Hessel – les personnages de la véritable histoire de Jules et Jim – avec leur ami, le collectionneur d’art et romancier Henri-Pierre Roché, bien sûr.
Originaires de Berlin, la France est devenue aussi pour les parents de Stéphane Hessel et pour son frère Ulrich un recours et un refuge. Ce refuge, bien des intellectuels allemands l’ont cherché en France dans les années 1930 et l’ont trouvé pour un temps à Sanary-sur-Mer, ville où est mort Franz Hessel en 1941, et qui fut rebaptisée « capitale de la littérature allemande en exil ». Aujourd’hui, la commune, qui a redécouvert cette histoire oubliée dans l’après-guerre, joue elle aussi un rôle important dans la consolidation des relations franco-allemandes.
Manfred Flügge, auteur de nombreux livres, vit à Berlin depuis presque 40 ans. Né au Danemark, il a passé son enfance dans la Ruhr et fait des études à Münster et à Lille. Il a écrit sa thèse de doctorat sur le théâtre à Paris sous l’Occupation. De 1976 à 1990, il a enseigné la littérature et la civilisation françaises à l’Université Libre de Berlin-Ouest. C’est dans ce cadre qu’il a invité Stéphane Hessel à Berlin en 1987. En 1995, il a participé au tournage du film Le diplomate. Il a écrit des biographies, des romans, des contes radiophoniques pour enfants, mais aussi des pièces de théâtre en français, et la pièce bilingue L’Allemand sans peine. Critique littéraire dans les presses allemande et française, il a traduit des auteurs français comme Dominique Fernandez, Emmanuel Moses, Pierre Mertens. L’essentiel de son travail est consacré aux vies d’artistes émigrés en France et en Californie, et depuis des années, il s’est engagé pour la conservation de la mémoire des artistes et écrivains qui choisirent Sanary-sur-Mer comme lieu d’asile.
Lecture en français
Entrée : 3,50 € (tarif réduit 2,50 €)
Sur réservation
Nous avons le plaisir de vous présenter
dans le cadre du Tandem Paris Berlin organisé
à l’occasion des 25 ans d’amitié entre les villes de Paris et Berlin
« BERLIN, VILLE OUVERTE »
une soirée-rencontre
le jeudi 22.11.2012 de 19h00 à 20h30
à l’Institut Français Berlin, Kurfürstendamm 211, 10719 Berlin
© SP38
« Berlin, ville ouverte »,
une table ronde pluridisciplinaire en compagnie de :
Éric Sarner (poète et réalisateur)
Wilfried N’Sondé (romancier et musicien)
Philippe Braz (dramaturge, nouvelliste et poète)
Brigitte Athéa (dramaturge, metteur en scène)
Rencontre animée par Patrick Suel (librairie Zadig)
suivie d’un concert de folk-slam par Wilfried et Serge N’Sondé.
Discussion en français avec traduction simultanée.
Entrée libre !
Sous l’intitulé Diaspora littéraire : « ÉCRIRE / BERLIN » ("écrire à / écrire de / écrire sur… Berlin"), le Bureau du livre et l’Institut français vous proposent deux soirées-rencontres les 22 et 27 novembre 2012. Elles réuniront pour chacune quatre auteurs français vivant à Berlin, qui discuteront de leur rapport à la ville, des raisons qui les ont poussés à venir y habiter, de son influence sur leur travail d’écrivain, de la manière dont elle répond ou non à leurs fantasmes, du terreau littéraire qu’elle constitue...
Nous avons le plaisir de vous présenter
« Retour à l’envoyeur »
(grmx éditions, 2012)
Première anthologie en français
des poèmes d’Ernst Jandl (1925-2000)
traduits de l’allemand (Autriche)
par Alain Jadot et Christian Prigent,
& lus in situ par eux-mêmes
Le samedi 29 septembre 2012 à 19 h à la librairie
Ernst Jandl © Helga Paris, 1982
pour faire un poème
j’ai rien qu’une langue
qu’une vie
qu’une pensée
qu’une mémoire
pour faire un poème
j’ai rien
Ernst Jandl
Les poèmes « délabrés » de Jandl grondent d’une violence sourde. Comme s’il fallait aller au bout d’un certain épuisement du langage quotidien pour faire dire à une « bad poetry » frustrée de toute esthétisation sublimée, l’usure du corps, l’écrasement de l’idée d’homme, les marques du vieillissement et des blessures, l’inadéquation des langues à la diction des vies, l’exil de chacun dans sa propre existence, l’étrangéité de tous au monde et à eux-mêmes. D’où l’alliance, dans ces textes, d’un baroque macabre et d’une jubilation clownesque, d’une verve comique et d’une sorte de désespoir ontologique. Il n’y a pas grand-chose de semblable dans la poésie française.
Christian Prigent
Christian Prigent est né en Bretagne en 1945. Poète, essayiste, romancier et performer, il vit actuellement en Bretagne, après de longs séjours à Rome et à Berlin. Il a fondé en 1969 et dirigé jusqu’en 1993 la revue TXT et publié, essentiellement chez POL, des ouvrages de poésie ou de critique littéraire. En 1993, avec la parution Écrit au couteau qui fera date, il entend « débarrasser la poésie de tout ce qui n’est pas essentiellement la poésie » et retrouver « la poésie lorsqu’elle est exigence de trouver un langage ».
Alain Jadot est né en 1947 à Aubervilliers. Poète et traducteur multidisciplinaire, il se distingue à Berlin dès 1967 sous les drapeaux et depuis y performe encore, adressant des messages chiffrés à la République des lettres multipolaire – d’où les tenues blanches qu’il arbore – et portant dans de nombreux cercles et à de nombreux titres le chapeau. Auteur de Kreuz und Quer, édition Sirène/Berlin-Kreuzberg (ostteil), et éditeur de fameux livres-objets.
Entrée : 3,50 € (tarif réduit 2,50 €)
Sur réservation