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Roman de gare
Bandes dessinées
Blake & Mortimer Tome 30 - Signé Olrik
Jeunesse
Miam la nature
Beaux-livres
Le livre d'une langue
Domaine allemand traduit
Je n'ai rien fait de mal
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Sansal Sanssouci ?
Boualem Sansal est le plus voltairien des auteurs francophones. Depuis le Friedenpreis que lui ont attribué les libraires allemands en 2011, son œuvre et sa personne occupent l’actualité d’une façon particulière dans toutes les Literaturhäuser d’Allemagne, tout autant sinon plus qu’à Bruxelles, Paris, Montréal... Menacé, censuré dans son propre pays où il est désormais incarcéré, Sansal est un monument de verdeur humaniste et de ferveur progressiste.
Depuis le Printemps arabe de 2011, l’Égyptien Alaa Al-Aswany ainsi que la Prix Nobel de la paix 2011 Tawakkol Karman ont comme Sansal, dans leur propre pays, cherché à incarner pour l’Occident l’éveil d’une conscience nouvelle, les bons augures y voyant un Siècle des Lumières venu du Sud.
Le terme « Harraga », titre d'un de ses romans, est un mot algérien signifiant « brûleurs de route » pour désigner les migrants, qui a été intégré dans le dictionnaire Larousse en 2011. L’arabe dialectal étant lui-même pénétré par le français et l’anglais à l’heure globale, Sansal y voyait un effet dynamique, pas un retour des choses. Ce terme dans son roman désignant, pour la petite et grande histoire, des femmes qui n’ont de cesse de devoir se libérer.
Nous autres, lecteurs et lectrices francophones de Berlin et des contrées de l’Aufklärung, tenons à saluer Boualem Sansal dans sa prison, quoi qu’il ait dit ou bien écrit !
Car même si l’idée parait old school, ce n’est pas lui qui a choisi ses mots : ce sont les mots qui l’ont choisi pour dénoncer les fanatismes de tous bords.
Comme l’exprime cette citation pour décrire sa méthode, clôturant l’interview que nous avons eue avec lui en février 2012 dans le mensuel francophone Berlin Poche :
En tout, il n’y pas de pierre philosophale : tout doit découler d’une démarche de progrès, poétique ou philosophique, tournée vers la lumière, sans dolorisme mémoriel.
Jeunesse à l’Affiche ?
Missak et Mélinée Manouchian formaient un couple sympa et sont au Panthéon. Leurs camarades de combat ne venaient pas que d’Arménie comme eux, mais aussi de Pologne, d’Italie ou d’Espagne. L’Affiche rouge, que les poètes Ferré et Aragon ont rendue célébre pour les nommer, était au départ un avis de recherche des forces totalitaires qui gouvernaient la France de cette époque. Nous trouvons que ce couple a une bonne tête, canaille et volontaire, très inpirante pour lutter contre l’imbécilité ordinaire. Plus avenante que l’affiche de propagande de "l’occupant" de cette époque.
Il n’y a plus d’occupants en nos contrées d’Europe. Mais sévissent encore les héritiers des concepteurs de cette affiche glauque, jouant les agneaux repentants. Gardons-nous donc de leurs sirènes : les Manouchian et tous leurs camarades ne peuvent être réduits à un vertige graphique.
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre / Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand, disait Missak dans sa dernière lettre à Mélinée. Il n’y a que ces paroles-là qui comptent : des paroles de vie et d’action, loin des clichés et représentations qui nous confinent à des images...
Il faut lire Michel Zévaco
Soigner le populaire était une expression qu’employait le feuilletoniste Michel Zévaco, collègue du grand Gaston Leroux, que Jean-Paul Sartre cite de nombreuses fois dans le livre qu'il a écrit sur son enfance, Les Mots.
Le personnage de Fausta, dans son cycle Les Pardaillan*, est une sorte de double du personnage central dénommé Jean de Pardaillan. Femme d’un temps obscur d’apparence maléfique, car vengeresse et ambitieuse, elle est la mère biologique de leur enfant commun, qui donne son nom à plusieurs épisodes de la série en cinq saisons et deux volumes par saison, donc dix volumes à découvrir d'urgence. Une épopée qui parle puissamment à notre temps !
L’univers Zévaco peut être rapproché de la grande tradition des bandes dessinées Marvel. Capables d'enfoncer un mur de brique en projetant leur corps dessus, ou d’enflammer quelques tonneaux de poudre dans les rues de Paris pour libérer des frères et sœurs ou affronter des ennemis, ses protagonistes sont plus que proches d’un cinéma d’aujourd’hui.
Il faut lire Michel Zévaco, successeur méconnu d’Alexandre Dumas et Paul Féval, au moins pour cette œuvre majeure, dans laquelle les supplétifs du pouvoir oppressif sont taxés d’Ordinaires. Et les amis du peuple et de la liberté, qualifiés de Bravos...
Le personnage de Fausta y est en fait une figure de femme régnante, amante et rivale du héros, combattante de sa propre cause, pétroleuse de choc et de charme s’alliant au plus offrant – parfois même le pire, en bonne desperada – pour conquérir sa propre liberté, voire s’enrichir.
Il faut lire Zévaco, si l’on ne veut pas mourir comme un idiot de Sartre !
* Tout d’abord paru en 258 feuilletons dans La Petite République socialiste, journal de Jean Jaurès, du 20 mars au 7 décembre 1902. Les deux premiers épisodes majeurs initialement titrés « Par le fer et par l’amour. Épisode de la Saint-Barthélemy », puis chez Arthème Fayard, en 1907, en deux volumes titrés Les Pardaillan et L’Épopée d’amour.
Qui a dit quoi ? III
Les paroles
de la Marseillaise de Graeme Allwright
Pour tous les enfants de la terre
Chantons amour et liberté.
Contre toutes les haines et les guerres
L’étendard d’espoir est levé
L’étendard de justice et de paix.
Rassemblons nos forces, notre courage
Pour vaincre la misère et la peur
Que règnent au fond de nos cœurs
L’amitié la joie et le partage.
La flamme qui nous éclaire,
Traverse les frontières
Partons, partons, amis, solidaires
Marchons vers la lumière.
En 1792 à la suite de la déclaration de guerre du Roi d’Autriche, un officier français, Rouget de l’Isle, en poste à Strasbourg, compose "Le chant de Guerre pour l’armée du Rhin". Je me suis toujours demandé comment les français peuvent continuer à chanter, comme chant National, un chant de guerre, avec des paroles belliqueuses, sanguinaires et racistes. En regardant à la télé des petits enfants obligés d’apprendre ces paroles épouvantables, j’ai été profondément peiné, et j’ai décidé d’essayer de faire une autre version de La Marseillaise. Le jour où les politiques décideront de changer les paroles de La Marseillaise, ce sera un grand jour pour la France.
Citation de Graeme Allwright (1926-2020), auteur-compositeur-interprète franco-néo-zélandais, en octobre 2005.
Qui a dit quoi ? II
La liste
des courses de François Cavanna
• Combat pour une démocratie effective, et donc contre toute forme d’absolutisme, de dictature, ainsi que leurs conséquences : racisme, xénophobie, sexisme, exclusions, fanatismes religieux, politiques ou chauvins, guerre, militarisme, excitation à la haine collective sous toutes ses formes, culte du chef, atteinte aux libertés publiques…
• Défense et illustration du rationalisme et de la pensée féconde, et, en conséquence, dénonciation de toutes les formes d’obscurantisme (religions, sectes, occultisme, fausses sciences, divination, flatteries démagogiques…), de désinformation (publicité…) ou d’abrutissement collectif (sport idolâtre, niaiseries audiovisuelles…).
• Promotion d’une écologie active, totale, et non plus seulement « environnementale », considérée comme le nouveau « socialisme » en ce qu’elle prendrait en compte l’ensemble des problèmes de la vie en société sur la planète aux ressources limitées ainsi que la répartition des ressources entre tous les êtres vivants.
• Prise de conscience de la misère animale, lutte contre la chasse, la pêche, la corrida, la vivisection, l’abandon, et en général contre toute forme de meurtre, de torture ou de mauvais traitements envers les animaux au même titre qu’envers les humains…
Cette liste, je le répète, n’est pas exhaustive, mais donne une idée de l’esprit qui anime CHARLIE HEBDO. Cet esprit s’exprime par l’humour, cet humour « bête et méchant » qui l’a, depuis l’origine, caractérisé, humour iconoclaste, ne respectant rien, aucun tabou, méprisant le calembour et les effets faciles pour aller au fond des choses, de façon directe, brutale s’il le faut.
Texte affiché par François Cavanna dans ses locaux de presse en 1995, sous le titre de TESTAMENT.
L’image qui l’illustre est le Werksausweis de François Cavanna durant son STO à Berlin - © Dokumentationszentrum NS-Zwangsarbeit - Berlin-Schöneweide
Qui a dit quoi ? I
La question
de la semaine
Ce serait réduire impardonnablement la portée de l’intervention de Césaire que de vouloir s’en tenir, si foncier qu’il apparaisse, à ce côté immédiat de sa revendication.
Ce qui à mes yeux rend cette dernière sans prix, c’est qu’elle transcende à tout instant l’angoisse qui s’attache, pour un Noir, au sort des Noirs dans la société moderne et que, ne faisant plus qu’une avec celle de tous les poètes, de tous les artistes, de tous les penseurs qualifiés mais lui fournissant l’appoint du génie verbal, elle embrasse en tout ce que celle-ci peut avoir d’intolérable et aussi d’infiniment amendable la condition plus généralement faite à l’homme par cette société.
Et ici s’inscrit en caractères dominants ce dont le surréalisme a toujours fait le premier article de son programme : la volonté bien arrêtée de porter le coup de grâce au prétendu « bon sens », dont l’impudence a été jusqu’à s’arroger le titre de « raison », le besoin impérieux d’en finir avec cette dissociation mortelle de l’esprit humain dont une des parties composantes est parvenue à s’accorder toute licence aux dépens de l’autre et d’ailleurs ne pourra manquer d’exalter celle-ci à force d’avoir voulu la frustrer.
Si les négriers ont physiquement disparu de la scène du monde, on peut s’assurer qu’en revanche ils sévissent dans l’esprit où leur « bois d’ébène » ce sont nos rêves, c’est plus de la moitié spoliée de notre nature, c’est cette cargaison hâtive qu’il est encore trop bon d’envoyer croupir à fond de cale.
André Breton : préface à l’édition de 1947 du Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire
Les livres essentiels ?
© Mémoire d'encrier, 14 €
UIESH / QUELQUE PART de Joséphine Bacon
(Recueil bilingue français / innu)
Extrait : Je n’ai pas la démarche féline / J’ai le dos des femmes ancêtres / Les jambes arquées / De celles qui ont portagé / De celles qui accouchent / En marchant (...)
Quelque part, une aînée avance. Elle porte en elle Nutshimit, Terre des ancêtres. Une mémoire vive qui nomadise, épiant la ville, ce lieu indéfini. Joséphine Bacon fixe l'horizon, conte les silences et l'immensité du territoire. Née en 1947, elle est amérindienne, innue de Betsiamites. Poète et réalisatrice, elle vit à Montréal et est l’auteure d’une œuvre poétique d’une grande puissance saluée dans le monde entier.
© Albin Michel, 11,50 €
ADIEU, BABYLONE de Naïm Kattam
Préface de Michel Tournier
Bagdad ne fut pas toujours synonyme de dictature et de passions guerrières. Longtemps, au contraire, l'héritière de l'ancienne Babylone garda en son sein les traces d'une diversité culturelle unique en son genre, où les communautés cohabitaient pour le pire, parfois, mais aussi pour le meilleur. Naïm Kattan, l'un des intellectuels les plus brillants de la francophonie, est un témoin privilégié de ce passé ignoré par beaucoup. Son adolescence de juif arabe s'est déroulée au coeur des multiples contradictions d'une Bagdad alors soumise aux répercussions de la seconde guerre mondiale. Aussi épris de patriotisme irakien que ses compagnons musulmans, il dut se frayer un chemin d'homme dans un univers riche mais complexe, entre tradition et modernisme, entre son antique communauté juive et la culture arabe, entre le refus du colonialisme anglais et la fascination pour un occident aux séductions irrésistibles. Puis la création de l'état d'Israël rendit dramatique la situation déjà bien précaire des juifs irakiens, et le départ devint quasi inévitable. Ces mémoires pleins de vie et d'intelligence, publiés pour la première fois il y a trente ans au Québec, ont pris aujourd'hui une densité tout à fait singulière.
© Livre de Poche, 9,50 €
VAGABONDS DE LA VIE de Jim Tully
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Thierry Beauchamp Jim Tully se frotta pendant plus de six ans à divers hobos ces saisonniers américains qui voyageaient clandestinement sur les trains de marchandises. Il monta dans des trains postaux et des convois commerciaux, bivouaqua dans les « jungles » des vagabonds, assimila leurs us et coutumes, vécut de petits boulots et de mendicité, eut affaire aux forces de police, et vit souvent passer la mort de près. Publié en 1924 aux États-Unis, Vagabonds de la vie compte parmi les classiques de la littérature consacrée aux hobos. Il rend compte avec précision des mœurs et de la philosophie de ces hommes de la route. Avec ce récit, Tully s'inscrit dans les pas de Mark Twain et de Jack London, et un précurseur de Kerouac. En 1924, Charlie Chaplin engagea Jim Tully comme conseiller spécial pendant la production et le tournage de son film
La Ruée vers l'or, quelques mois avant la parution de
Vagabonds de la vie dont le succès auprès de la critique comme du public fut immédiat.
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