Le conteur primordial mobilise déjà l’incertitude épique de Cervantès ; les distorsions du réel de Kafka ; les touffeurs langagières de James Joyce ; le majestueux détour de Faulkner autour d’une damnation originelle... Et, je ne veux pas vous faire de la peine, mais il m’est arrivé d’imaginer, à l’écoute de nos vieux contes, que ce cher Rabelais, ce père du langage, ce surgissement d’une catastrophe esthétique extrême, venait très certainement d’une plantation martiniquaise. Je crois que Rabelais est un conteur créole.
Patrick Chamoiseau
Discours inaugural de la Chaire d’écrivain en résidence, Sciences Po Paris, 27/01/2020
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de P. F. Roy (préface Marc Meneau)
Éditions Créaphis, 2023
12,50 €
« Alors que nous quittions la cuisine, George posa sa dernière question : — Is there any book about dipping ? Qu'il ne se soit pas exprimé en français, langue qu'il parle couramment, donnait du poids à sa parole. Je répondis “Non, il n'existe pas de livre sur le trempage” et décidai d'en écrire un. »
Trempe-t-on différemment à Paris, en province, à l'étranger ? Assembler, est-ce cuisiner ? Tremper, est-ce de la gastronomie ? Existe-t-il des recettes de trempage ?
Si vous êtes insensible à ces questions et les considérez futiles, vous ne tremperez jamais. Cette pratique humaine et quotidienne concerne davantage les collations que les repas ; les trempeurs exercent le matin au petit-déjeuner et au goûter vers dix-sept heures.
Tremper serait-il une spécificité française de l'art de se mettre à table pour le petit déjeuner, le goûter ou le souper ? Que signifient "tremper sa chemise", "tremper la soupe", un acier "trempé", prendre une "trempe" ? Exercice littéraire jubilatoire, foisonnement baroque sur un geste quotidien, un presque rien appétissant où les mots se savourent.
Subtil, l'auteur esquisse une anthropologie de l'acte de tremper (dont il rappelle l'anagramme : "permet ") comme un fait social total et un marqueur de distinction. Ainsi le trempage se différencie du sauçage (acte pour lequel le trempeur "a pied" dans un récipient de faible profondeur). S'il évoque la mouillette, c'est pour la mettre entre parenthèses car n'est pas tartine qui veut et la coque de l'oeuf n'a "pas de bol".
Joyeuse dissertation sur l'origine et l'art de goûter, ce petit essai inclassable mais très classieux se déguste du bout des doigts comme un mets précieux.