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Chronique

Jean-Charles Massera le 2 juin 2007

Jean-Charles Massera le 2 juin 2007

Qui l’eût cru ? L’anti-littéraire – pour ne pas dire avant-gardiste – Jean-charles Massera a rempli ce samedi 2 juin la salle de lecture de la librairie Zadig !
Entamant sa lecture d’un solennel et grave : « C’est une certaine France qui disparaît… », il lança sur son ordinateur portable à la pomme sans autre forme de commentaire une inénarrable chanson de variété signée Stone et Charden prônant les plaisirs de la grasse matinée (dans le foin ? La luxure n’est pas très loin…). On aura compris l’allusion. En même temps que le programme de la soirée – alternances de textes et chansons de variété qui les commentent.
Continuant sur ce ton très sérieux – qui de prime abord étonna, décontenança – l’auteur commença son zapping entre différents de ses textes : « United Emmerdements of New Order » (éditions P.O.L.), « United Problems of Coût de la Main d’œuvre » (idem) et le dernier recueil paru, « A Cauchemar is born » d’ailleurs non plus chez POL mais chez Verticales et qui regroupe en grande partie des textes produits pour l’installation de l’artiste Thomas Hirschhorn : Archeology of Engagement (MACBA, Barcelone, 2001).
www.macba.es
Cette absence totale d’ironie dans la lecture de Massera laissa un instant indécis malgré le comique hilarant des montages textuels. Les sujets étaient il est vrai très graves – expulsion d’immigrés, guerres régionales, violence policière… Seulement lorsqu’un collage de discours assez carambolesque fit éclater la salle de rire, entraînant presque Massera dans sons sillage, on comprit l’humour massif derrière le masque. Je passe sur les textes, il faut les lire.

Dans la discussion qui suivit, l’auteur cita d’abord, à la demande du libraire, deux livres importants pour lui – D’abord « Langst », d’Hubert Lucot, « l’auteur le plus important aujourd’hui en France, c’est pour ça qu’il n’est pas très connu » et puis quelqu’un de complètement différent, mais qui a écrit un livre s’approchant du projet de Massera, à savoir écrire dans le langage de l’ennemi, le bien nommé « Passage à l’ennemie » de Lydie Salvayre. Sous la vive curiosité du public, Massera raconta son aventure vélocipédique en tant que Jean de La Ciotat : exploration de la catégorie du « Temps libre », à ce moment contemporain où l’on ne trouve plus de construction de sens dans la vie professionnelle, Jean-Charles Massera opta pour le vélo semi professionnel, amour de jeunesse, après une réminiscence à la Proust sur une Nationale de Provence. Expérience au premier degré qu’il confronta avec son habitus d’intello, dédoublement et dialogue sous forme de mails qui constitue le contenu de « Jean de La Ciotat, la légende » (quand le précédent « Jean de La Ciotat » avait la forme d’une suite de dépêches sportives), confrontation sur un sujet « vulgaire » - le vélo –, aliéné - « le temps libre » - , entre celui qui le vit intensément et le traitement intellectuel que l’autre – le même, devant son ordi – lui fait subir, querelle entre corps et tête, ivresse et raison… En quelque sorte une actualisation de la discussion théologique entre les franciscains et les dominicains…
On parla aussi un peu littérature après la déclaration intempestive de l’auteur que « la littérature ne l’intéressait pas ». Disons plus précisément ce qui se fait en littérature (Massera s’intéresse plutôt à l’art contemporain et assez peu à ce qu’on appelle littérature – après tout un trait récurrent de l’anti-littérature) et il évoqua avec humour comment la critique littéraire enfermée dans ses catégories vieillottes était dés lors un peu embarrassée pour classifier ses livres qualifiés alors d’OLNI ou objets littéraires non identifiés ! La sortie des genres figés datait pourtant au moins des poèmes en proses de Baudelaire, rappela Massera…
Et Berlin ? N’avait-il pas peur de perdre sa langue ici ?
Mais c’est justement le programme, perdre la langue !, déclara-t-il, ajoutant, scoop : il prévoyait d’écrire en anglais !…

Christophe Magand


EN VITRINE

"L'école des filles" de Pascale Hugues

"L'école des filles" de Pascale Hugues

Douze petites filles au sourire pétrifié sur une photo de classe en 1968... "Ne faites pas de vagues !, voilà ce que l'on exigeait de nous à l'époque. Soyez : douces, gentilles, discrètes. Jamais fières, courageuses, libres. Ces adjectifs-là étaient réservés aux garçons."

Cinquante ans plus tard, Pascale Hugues part à la recherche de ses anciennes amies de l'école primaire. Chacune lui raconte son histoire.
À travers elles, l'autrice dresse le portrait d'une génération qui a eu 20 ans à la fin des années 1970, qui a découvert la machine à laver, la pilule, le droit à l'avortement et le divorce par consentement mutuel. Ces femmes se sont battues, pour elles et pour leurs filles.

Aujourd'hui, elles sont fières, courageuses et libres. Un livre touchant et un formidable portrait de groupe. (05/2021)

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