Par Saint Nom, la Bretèche !
Même si ce n'est rien de grave − moins grave en tout les cas que le fait qu'elle soit décédée −, sachez, gentes dames et gents damoiseaux, que l'auteure des Frustrés et d’Agrippine avait un nom que la plupart des gens ont toujours prononcé de manière gourde.
Haut les cœurs donc. Nous sommes tenus − pour rendre hommage à celle qui fut la plus géniale des poétesses du dessin populaire d’Europe et de Navarre − de crier fort en direction des cieux : Claire BREU-TÉ-CHER ! Mais oui bande de mioches masculinistes, on se concentre un peu. Car il n’y a pas d’accent aigu sur la première syllabe de son nom, crénom de Dieu.
Sonnez trompettes ! Claire Bretécher a su décrire mieux que personne les Dames du temps jadis et d’aujourd'hui en butte à leurs contradictions, mais aussi la sempiternelle déraison adolescente, ainsi que la mâle tentative d’être au monde, irréversiblement pathétique. Le tout d’une manière gouailleuse, rebelle et forte. N’en jetons plus, lisons ses livres ! Elle vient d'un trou perdu qui nous est cher, car quel qu’en soit le nom, c’est d’une très ancestrale vieille province universelle qu’elle parlait. Celle des beaux esprits libres et voyageurs, des Rabelais, Jarry et autres scolopendres aimant les grabouillis.
