Je ne sers à rien […]. Je suis incapable d’élever des porcs. Je n’ai aucune notion sur la fabrication des saucisses, des fourchettes ou des téléphones portables. Tous ces objets qui m’entourent, que j’utilise ou que je dévore, je suis incapable de comprendre leur processus de production. Si l’industrie devait s’arrêter, si les ingénieurs et techniciens spécialisés venaient à disparaître, je serais incapable d’assurer le moindre redémarrage.
Michel Houellebecq
extrait de Les Particules élémentaires, Éditions Flammarion, 1999
Sitaudis.fr : Revue off
Il faut que je te parle de Claire Dumay par François Huglo 07/02/2023
Porte du Soleil de Christophe Manon (2) par Yves Boudier 03/02/2023
Pierre Senges, Un long silence interrompu par le cri d’un griffon par Jacques Barbaut 02/02/2023
du9 : L'autre bande dessinée
En Ort Schulze 08/02/2023
L’incendie de la Grande Bibliothèque 07/02/2023
La mer à boire 06/02/2023
Nous avons le plaisir de vous présenter
« Le Messager de Hesse »
(éditions Pontcerq, 2011, réédition bilingue 2015)
Une relecture de Büchner
par Frédéric Metz
avec l'aimable contribution
de Guillaume Burnod
et Antoine Marique
le samedi 12 décembre 2015 à 19 h 00 à la librairie
(sur réservation)
On extorque au nom du Staat, les extorqueurs en appellent au gouvernement et le gouvernement dit que cela est nécessaire pour maintenir l’ordre dans le Staat. Mais quelle chose énorme-gewaltig est-ce donc que cela : le Staat ? Quand un certain nombre de gens habitent dans un pays et qu’il y a des ordonnances ou des lois, auxquelles chacun doit se conformer, on dit qu’ils forment un Staat. Le Staat, c’est donc tous ; les instances qui créent l’ordre dans le Staat sont les lois par lesquelles le bien-être de tous est assuré et qui doivent provenir du bien-être de tous. — Voyez maintenant ce que, dans le grand-duché, on a fait du Staat ; voyez ce que cela veut dire, maintenir l’ordre dans le Staat ! 700 000 personnes paient six millions pour cela, c’est-à-dire qu’on fait d’eux des chevaux de trait, du bétail de charrue, afin qu’ils vivent dans l’ordre. Vivre dans l’ordre, cela veut dire souffrir de faim et être équarri. Qui sont-ils donc ceux qui ont fait cet ordre et qui veillent pour que cet ordre se maintienne ?
« Le Messager de Hesse fut d’abord un tract diffusé la nuit durant l’été 1834, de village en village, en Hesse grand-ducale, pour le cacher aux fenêtres des paysans et que ceux-ci le trouvent à l’aube, à l’ouverture des volets sur le jour. On sait par un témoignage qu’un tout jeune compagnon-boulanger – Arnold Wendel, dix-sept ans, élève du pasteur Weidig qui avait coécrit le tract – en fit lecture à un groupe de paysans employés au battage. Il n’est pas impossible que les mois d’été aient été arrêtés précisément pour cette raison qu’alors, au temps des moissons, la diffusion du tract serait facilitée : récoltes et battages seraient l’occasion d’une propagation collective – et orale... »
Outre la réédition en 2015 de ce magnifique livre bilingue faisant prendre une nouvelle ampleur à son travail de 2011, le traducteur et passeur Frédéric Metz nous propose de clôturer l’année en explorant la matière sonore d’un texte inouï, mais aussi de réhabiliter la verve politique du tout jeune étudiant en médecine de Giessen qu’était Georg Büchner, figure de la pensée européenne, radicalisé à Strasbourg en 1832 et 1833, qui sut puiser à l’énergie des révolutionnaires français tout autant qu’aux ressources de la langue de Luther...
Frédéric Metz est l’auteur de Les Yeux d’Œdipe (inutiles, sauvés) (2012) et de la trilogie conséquente Georg Büchner. Biographie générale (2013). Il est membre de l’Institut de démobilisation, créé à Rennes en 2005, structure collective qui a publié notamment Thèses sur le concept de grève (éditions Lignes, 2012), récemment traduit en espagnol (Artefact, 2014) ; ainsi que plusieurs pamphlets sous l’appelation flugblatts-tracts : Relevé des textes apparaissant sur l’écran du film de R. W. Fassbinder, La troisième génération (2011) ; Lettre à Paul Hutin, père fondateur de la dynastie des Lariflette (2012) ; Sécurité générale. La liquidation de l’alcool (2012), Eleusis-management (2015).
Guillaume Burnod est enseignant, écrivain et traducteur.
Antoine Marique est historien des idées et chansonnier.
Entrée 4,- € / Réduit 3,- €
(Sur réservation)
Nous avons le plaisir de vous présenter
Extrêmes et lumineux
(éditions Verdier, 2015)
une lecture de Christophe Manon
le samedi 14 novembre 2015 à 19 h à la librairie
(sur réservation)
Christophe Manon © Sylvain Maestraggi
D’énigmatiques annotations au dos de photos défraîchies d’aïeuls oubliés, des souvenirs disparates et diffus, la saga d’un théâtre ambulant, un petit hameau perdu au cœur d’une campagne ingrate et inhospitalière, deux vieilles femmes, des filles et des garçons, un bureau, un grenier, un side-car, des tractions avant et des Fiat 500, une tribu de Ritals, un enterrement, de l’alcool et des drogues, toute l’immensité des détresses enfantines, des moments de grâce, des étreintes sauvages, ardentes, exaltées, et cependant d’une douceur presque insoutenable, des destins d’hommes comme tous les hommes, un maelström de voix et de paroles.
À la fois exploration de la mémoire, histoire d’amour et enquête familiale, ce récit composé d’une succession haletante de scènes fondatrices nous livre le tableau d’une sensibilité qui s’éveille et s’ouvre au monde. Un hommage rendu aux morts et aux mots qui sauvent, à la mémoire, au papier tue-mouche, au tabac Caporal, au Langage secret des animaux.
Christophe Manon est né à Bordeaux en 1971. Il a publié de nombreux ouvrages de poésie.
N’est-ce pas autour de nous-mêmes que plane un peu de l’air respiré jadis par les défunts ? N’est-ce pas la voix de nos amis que hante parfois un écho des voix de ceux qui nous ont précédés sur Terre ? Et la beauté des femmes d’un autre âge, est-elle sans ressembler à celle de nos amies ? C’est donc à nous de nous rendre compte que le passé réclame une rédemption, dont peut-être une tout infime partie se trouve placée en notre pouvoir.
Walter Benjamin
Entrée : 4 € (tarif réduit 3 €)
Sur réservation
Il faut saluer les éditions L’Arbalète-Gallimard d’avoir exhumé le livre de Françoise Frenkel qui est pour l’histoire de la présence du livre français à Berlin un legs inestimable.
Dans ses rapports à l’institution tout comme à la communauté francophone des années 1920, ainsi qu’au public exigeant d’amoureux du livre d’ici, c’est d’une collègue libraire impliquée dans son époque dont le premier chapitre de ce récit modianien avant la lettre, se propose de retranscrire la vérité.
Par le témoignage de ces rencontres d’auteurs où Henri Barbusse et René Crevel parmi tant d’autres éminents représentants de l’actualité francophone, venaient croiser là. Par l’obsession pour un lieu habité de livres dont les voix l’on hantée, à l’heure de plier boutique, en butte à la censure de la Gestapo.
Par la joie et la force que la parole écrite apporte à tous ses amoureux et ses flâneurs, qu’ils soient d’Orient ou d’Occident, de Méditerranée ou de Scandinavie, notre boussole à nous, libraires indépendants, Maison du livre ou ZADIG Buchhandlung, n’est-elle pas de porter haut les couleurs d’un temps retrouvé, en mémoire des proses migrantes de demain ou d’hier ? Tenter de prolonger l’inaliénable rêve éveillé d’une culture européenne éprise d’ouverture aux mondes !
À l'occasion de la foire du livre de Francfort, ZADIG a ouvert sa porte au livre numérique !...
Lire la suite en cliquant sur l'étoile :
Nous avons le plaisir de vous présenter
« BERLIN SERA PEUT-ÊTRE UN JOUR »
une lecture-rencontre avec Christian Prigent
le mercredi 17 juin 2015 à 19 h
dans la salle Boris Vian de l’Institut Français Berlin,
Kurfürstendamm 211, 10719 Berlin
Débat animé par Patrick Suel (libraire-éditeur) et Marianne Zuzula (éditrice)
autour du livre Berlin sera peut-être un jour (La ville brûle, 2015)
photo Vanda Benes, Berlin, 2014
« Lacs, forêts, béton, parois rutilantes, éboulis tragiques ; verres, aciers, murs troués, ronce, bières, drogues, ordures. Strates d’Histoire découpée et feuilletée. Dans un méli-mélo catastrophique et jubilatoire. Dans la lèpre et le luxe. Dans la finesse et la lourdeur. Dans l’intelligence et l’inventivité comme dans la stagnation obscure et la bêtise opaque. Berlin est une âme, en somme. Une âme affinée dans la cruauté des temps. Avec le ciel dessus. »
Berlin sera peut-être un jour est la réédition revue, complétée et mise à jour d’un ouvrage publié en 1999 aux éditions Zulma. L’écriture psycho-lyrique et flamboyante de Christian Prigent est ici mise au service d’une magistrale leçon d’histoire ! Les rues, les murs, le Mur... Berlin, pour Christian Prigent, n’est pas une ville, mais la Ville. Elle est vivante, elle nous parle, et elle a tant à nous dire... Nous sommes sortis du XXe siècle. En compagnie de Christian Prigent, nulle part on ne le comprend mieux qu’à Berlin.
Christian Prigent est poète, romancier et critique littéraire. Il s’est installé à Berlin en 1985 et y a longtemps vécu. Il se partage aujourd’hui entre Berlin et la Bretagne. Directeur de la mythique revue de poésie TXT, il a édité les poètes dissidents de RDA. Témoin de la chute du Mur, il connaît mieux que personne la vie d’avant, la vie pendant, et s’interroge aujourd’hui sur la vie d’après dans cette ville réunifiée située au cœur d’une Europe décomposée.
Patrick Suel a créé il y a maintenant douze ans la librairie française ZADIG et dirige la collection Rue des lignes au sein des éditions La ville brûle, collection dédiée aux auteurs français vivant à Berlin. Les francophones de Berlin sont aujourd’hui héritiers de deux décennies de paroles mutantes, dont les lectures publiques de la librairie ZADIG ont pu rendre compte. Entre littératures de l’exil et essais littéraires, cette collection a pour projet d’exprimer la diversité des francophonies plurielles, issues du Berlin multiculturel des années de l’après-chute du Mur, et plus largement. Elle est inaugurée par la publication de Berlin sera peut-être un jour et de Berliner Ensemble de Cécile Wajsbrot en mars 2015.
Les éditions La ville brûle, maison montreuilloise fondée en 2009 par Marianne Zuzula et Raphaël Tomas, partant d’un catalogue formé d’essais en sciences et sciences sociales, ont au fil des années fait évoluer avec succès leur ligne éditoriale vers d’autres champs comme la littérature jeunesse, la poésie engagée, les livres-objets, le roman graphique ou les beaux-livres.
Les couvertures de la collection portent la griffe de SP38, auteur des célèbres slogans « Vive la bourgeoisie », « Who kills Mitte ? », « Slave for sale », « No money no art »… Entre provocation et humour décalé, le street-artist SP38 investit les rues de Berlin depuis vingt ans. Ses affiches typographiques et politiques témoignent des changements à l’œuvre dans la ville.
La lecture sera précédée d’un impromptu musical d’Antonin Wiser
Manifestation organisée avec l’aimable soutien du Bureau du livre de l’Ambassade de France
Entrée libre.
Venez nombreux !